Des filets pour ne pas filer

Objectif zéro fuite. Le saumon est un poisson "sauteur" ! C'est d'ailleurs de cette agilité que lui vient son nom latin, salmo salar. Pour éviter que les saumons d'élevage ne prennent la poudre d'escampette et se mélangent avec leurs cousins sauvages - dont ils modifieraient le profil génétique et auxquels il pourraient transmettre des poux -, une lutte anti-fuite est menée par les autorités norvégiennes. L'échappée d'un poisson est impardonnable : considérée comme un "crime contre l'environnement", elle relève du pénal. En 2015, une fermière a écopé de trois mois de prison pour sa négligence. Priorité absolue pour les autorités du secteur, cette tolérance zéro a permis de réduire le pourcentage de fuites. En 2009, il ne dépassait pas les 0,04% soit encore trop pour la Norvège qui vise l'objectif zéro. D'ici là, un fonds pour l'environnement a été créé. L'argent récolté permet entre autres, de couvrir les coûts de l'extraction des poissons échappés des rivières.
Pas question de filer en (eau) douce. Pour faire front contre les "fugueurs", des filets sont installés environ un mètre au dessus des cercles flottants. Ces filets protègent aussi les poissons de l'appétit des oiseaux. Le fond des cages est également clôt par un filet : en forme de cornet, il facilite la récupération des poissons morts. Les saumons ne sont pas immunisés contre les maladies... ni des poux ! 
On lui cherche des poux. Les poux du saumon, "Lepeophtheirus salmonis", aiment particulièrement les mers de l'hémisphère Nord, ce qui font d'eux les parasites les plus répandus sur les saumons et les truites. S'il est avéré que ces minuscules crustacés n'affectent pas la sécurité alimentaire ni la qualité du poisson, ils provoquent des lésions sur sa peau qui l'affaiblissent considérablement. En cas de trop forte concentration de parasites, le bien-être de l'animal, voire sa survie, est engagé. Outre le comptage du nombre de poux au moins tous les quinze jours, plusieurs méthodes sont utilisées pour tenter de lutter contre ce fléau : élimination mécanique par rinçage, jupes de protection, dépouillage thermique, lasers de nettoyage, alimentation spéciale. La technique la plus naturelle consiste à introduire des "vieilles communes", des poissons qui se nourrissent des poux de mer. Si le nettoyage se révèle vraiment insuffisant, un vétérinaire intervient pour prescrire des produits spécifiques, sous le contrôle strict des autorités. Le maintien à un niveau bas du pou est d'autant plus un défi que l'aquaculture augmente le nombre d'hôtes potentiels dans la mer et donc de contamination. Tenaces, les Norvégiens en viendront tous à poux !  
©  Alice Thierry

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