A la découverte des pays producteurs de thé et de leurs tasses : le Rwanda

Produisant à peine un demi pour cent de la récolte mondiale de thé, le Rwanda se fait remarquer pour la qualité de ses feuilles depuis longtemps. Plusieurs nouveaux thés viennent d'arriver en France, à explorer et à déguster !

Introduits par l’administration coloniale belge dans les années 1950 le thé et le café se sont rapidement épanouis sur les pentes et les plateaux des mille collines. Par leurs exportations, ces cultures apportent un précieux revenu et le gouvernement projette d’élargir les surfaces plantées. En 2013 le Rwanda a produit 23 500 t de thé, en augmentation de + 65%  depuis 2004 et les prévisions tablent sur un volume de 42 000 t en 2017. Avec cet objectif en tête, 13 millions de boutures de théiers ont été distribuées aux fermiers au cours de l’année passée et 4 nouvelles usines sont en construction, pour s’ajouter aux 12 usines existantes, que l’on peut voir sur la carte. Plus de 70% des plantations se trouvent à une altitude au-delà de 1 800 m et toutes accueillent de nombreux cultivars de qualité, développés par l’Institut de Recherche du Thé au Malawi, gages solides pour des tasses d’un beau rouge cuivré, savoureuses et sans astringence aucune.

Depuis la mise en culture du thé à grande échelle, au Kenya puis dans les pays voisins de l’Afrique de l’Est, la récolte a été principalement destinée à la fabrication de grandes volumes de thés noirs, industriels et en sachets. Sur place les consommateurs locaux ont pris l’habitude de boire leur thé noir avec du lait et fortement sucré.

Mais les choses bougent fort et vite, surtout depuis que la Chine a ouvert à nouveau ses portes vers la fin des années 1990 et remis à disposition ses très nombreux thés fins. Cette ouverture donne non seulement un aperçu des mille manières pour valoriser des feuilles de qualité mais aussi une grande envie de participer à ce marché de qualité et aux prix rémunérateurs. Certaines sociétés de thé du Rwanda ont donc récemment mis sur le marché des thés verts et aussi des thés en feuilles, ou thés orthodoxes, qui demandent un savoir faire et équipement de fabrication spécialisés.

Les premières compétitions de thé, tenues à Mombasa, Kenya, en juin 2011, et 2013, ont réuni plus de 370 échantillons de tous les pays producteurs de thés de l’Afrique; or ce sont les thés du Rwanda, des plantations de Gisovu, de Kitabi et de Sorwathé, qui ont remporté le plus de prix.

En Afrique, la culture du thé est partagée entre « les blocs industriels » et les coopératives des fermiers. Au Rwanda, les petits récoltants exploitent environ 2/3 des surfaces plantées et ils portent leur cueillette aux 12 usines, toutes privatisées depuis 2004. Toute la production de thé du Rwanda est certifiée « Rainforest Alliance », engagement  pour une agriculture durable et dans le respect de l’environnement.

La dernière nouveauté franchit un pas de plus vers une qualité supérieure : c’est un superbe thé noir orthodoxe et bio de la société Sorwathé. Située dans la province du Nord, Sorwathé a décidé d’investir dans ses cultures et a ainsi obtenu la certification bio pour 116 ha de ses parcelles de thé en 2012. Ces parcelles se trouvent sur de hauts plateaux, sur d’anciens marécages, asséchés avec des fonds d’aide de l’Union Européenne dans les années 1960, juste après l’indépendance du pays. Cultivés sans engrais chimiques et avec des produits phytosanitaires naturels, comme le purin de tournesol entre autres, les théiers s’épanouissent dans une biodiversité retrouvée d’oiseaux, de grenouilles et autres petites bêtes.

20 ans après la fin du drame du génocide, ce développement d’une production agricole de qualité est une réussite remarquable. Elle apporte une belle visibilité à ces nouveaux thés du Rwanda et que l’on peut maintenant trouver sur le marché en France, en Belgique et en Allemagne. A découvrir absolument, avec ou sans lait !

Notez que  le Rwanda possède des paysages magnifiques qui hébergent les derniers gorilles de montagne dans le « Parc des Volcans », atouts pour un tourisme de qualité, axé sur la nature. Plusieurs plantations de thé ont aussi des maisons d’hôtes et proposent des visites pédagogiques pour montrer les étapes de la fabrication de thé, de la feuille fraîche à la tasse.