Accord Majeur : Un repas au rosé

Bien qu'il s'agisse de l'un des plus vieux vins de l'histoire, le rosé a longtemps été considéré comme un vin de deuxième classe, frais, simple, sans grand intérêt. C'était sans compter sur les effets de mode et surtout l'effort des vignerons pour produire des rosés complexes et racés. Des tendances qui ont contribué au retour sur la scène de ces breuvages au teint pâle qui évoquent les beaux jours. Le rosé n'en reste pas moins perçu avant tout comme un vin d'apéritif alors que la variété des styles, des méthodes de production (saignée ou presse) et des cépages utilisés permettent d'imaginer de nombreuses associations heureuses tout au long d'un repas. Essayons d'y voir plus clair... Voici mes recommandations pour confronter nos rosés à différents types de mets.

Une approche par cépage et par type de mets

En apéritif, privilégier les rosés les plus frais et vifs, qui mettront en éveil les papilles, sans marquer le palet. Un démarrage doit toujours se faire en douceur, il faut en garder sous le pied. Je privilégierais un rosé gris à majorité Cinsault, particulièrement pâle, élégant et fin.

Le rosé de Triennes, propriété à Nans les Pins dont les illustres fondateurs sont Aubert de Vilaine (domaine de la Romanée Conti) et Jacques Seysses (domaine Dujac), sur ses notes de guimauve et de petits fruits rouges ferait une très belle introduction.

Pour l'entrée, restons en Provence mais gagnons en structure, avec un assemblage Cinsault (fruité et élégance) et Grenache (profondeur et matière). Le Château Marguï rosé en coteaux Varois sur ses notes de pamplemousse et de fleurs blanches ferait merveille.

De très beaux accords en perspective avec des terrines de légumes, des tapenades, du caviar d'aubergine ou le traditionnel melon et jambon de Parme. Des accords aux accents du sud, où les mets et le vin combinent fraîcheur et puissance, fruité et caractère.

Poursuivons notre périple gourmand autour de viandes rôties ou en grillades. Ici le style du vin devra nécessairement être plus affirmé, de couleur plus soutenu, plus profond. Le côtes du Rhône rosé du domaine Charvin, brillant producteur à Châteauneuf du Pape, serait parfaitement adapté. N'hésitez pas également à l'associer à un joli steak tartare pour un accord tant en terme de texture (fondant du met et fluidité du vin) que de saveurs.

Pour les poissons, ici finesse du vin, acidité et fraîcheur du fruit s'impose, le pinot noir fera donc merveille. Un Sancerre rosé serait idéal (très bel exemple au domaine François Crochet). Un accord où le vin respectera la chair fine et la texture d'un poisson frais et élégant apportera un peu de couleur et de fruit à l'association.

Le dessert et le rosé, accord naturel ? Pas si simple...

En dessert, la tâche se complique. L'accord peut sembler naturel, il ne l'ait pourtant pas toujours. Bien que fruité, le rosé peut sembler bien pâle et maigre face à l'acidulé de beaucoup de desserts. Deux solutions, un rosé particulièrement expressif et fruité, tel un Chinon rosé où le Cabernet franc apportera toute sa palette aromatique et une pointe d'acidité. Des fruits rouges assez vifs, telles les framboises, ou avec des fruits avec plus de mâche et renvoyant aux arômes du vin (cassis) seront de bons compagnons.

L'autre piste, consiste à aller chercher un rosé légèrement sucré, qui pourra naturellement s'imposer en fin de repas. Le domaine de Bellivière, propose une petite rareté, uniquement les années où la météo le permet : un rosé de Pineau d'Aunis « les Giroflées » vendangé tardivement, où se mêlent notes de fruits rouges et de poivre. Superbe accord avec une soupe de fraise à la menthe. Rondeur et épice du vin, fruité de la fraise et fraîcheur de l'herbe, pour une superbe conclusion.

Le printemps est là, osez le rosé tout au long du repas pour des accords frais et subtils.